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« La vie au bout du compte est une Mauvaise photographie » Cinquante filles, mais qui sont-elles exactement ? Un groupe de révolutionnaires armées de bombe-chewing-gum ? Les dernières créatures artificielles de la société du spectacle ? Des zombies nomades de l’ego ? Des mythomanes qui veulent se faire passer pour des petites filles, ou des petites filles vieillies prématurément ? Elles ont vingt ans et un peu plus. Prises entre l’insouciance, les rêves, les contraintes biologiques et sociales, elles doivent devenir des adultes. Elles entrent dans le monde. Elles y cherchent une place. Elles occupent aussi un nouveau corps. Plus tout à fait celui de l’adolescence, pas encore vraiment celui d’une femme. C’est à cette période de ma vie que j’ai pris mes premières photographies, des autoportraits. Je me demandais : Sommes-nous seulement une succession de formes physiques ? Sans existence réelle ? Une enveloppe aussi vide qu’une image de magazine ? Une bulle de chewing gum ? Alors, à la façon d’un travail documentaire, je me suis tournée vers d’autres filles de mon âge. Ces filles, je les ai rencontrées au hasard de la vie. Je ne les ai pas choisies. Certaines m’ont appelée sans que je les connaisse, d’autres sont mes meilleures amies. Parfois, je les ai abordées dans des cafés, dans des soirées, ou à la fac . Parfois, elles m’ont abordée spontanément, comme pressées d’être devant l’objectif.
L’ironie a fait qu’à travers cette étude, ces après-midi entières de discussion, après avoir cherché, organisé, pratiqué l’expérience, les questions sont restées entières. Enfermées à jamais dans les bulles de chewing-gum ? Se passera-t-il quelque chose un jour ? Ou resterons-nous à tout jamais enfermées dans cette mauvaise photographie ? Assisterez-vous à leur métamorphose ? Est-ce que les bulles de chewing-gum les recouvriront entièrement jusqu’à les faire disparaître ? Est-ce que les filles exploseront lorsque les bulles éclateront? Clémence Veilhan |